Lehane. Scorcese. De Metter. Shutter Island.
Dennis Lehane. Le livre
Dennis Lehane est sans aucun doute un des auteurs majeurs de la littérature américaine actuelle. Ses trois romans méritent de figurer dans toute bonne bibliothèque: Mystic river ( porté à l'écran par Eastwood) Un pays à l'aube et Shutter island.
L'histoire se situe au large de Boston, dans une petite île battue par la pluie, le vent et les vagues. Sur cette île se dresse une citadelle, qui est à la fois une prison et un hôpital psychiatrique. Là sont enfermés de dangereux malades mentaux, tous des meurtriers. Deux marshalls, Terry Daniels et Chuck Aule, viennent sur l'île pour enquêter sur l'étrange disparition d'une détenue, Rolanda Solando. En effet, enfermée de l'extérieur, elle a cependant réussi à s'échapper, a-t-elle bénéficié de l'aide de complices?
Lehane nous enferme entre les murs du pénitencier, où même les médecins finissent par ressembler à leurs malades. Le marsala Daniels voit ressurgir son passé: les horreurs de la guerre, en particulier les images des camps de concentration, et la mort de son épouse survenue dans l'incendie de son immeuble. Nous sommes fascinés, oppressés par l'histoire, par le talent de Lehane. Et le dénouement nous surprend. Comment est-il possible de s'être fait manipuler de la sorte? Bravo Monsieur Lehane!
Scorcese. Le film
L'adaptation du roman par Scorcese a été réalisée pour son acteur vedette Leonardo DiCaprio, pratiquement toujours présent à l'image. Mais si DiCaprio est un acteur acceptable, son jeu manque souvent de nuances, même s'il réalise dans ce film une des ses meilleures prestations. La qualité du film vient essentiellement de la photographie de Robert Richardson, de la mise en scène du décor. Le thriller de Scorcese est certes agréable mais l'adaptation est loin de valoir le roman. On peut regretter que la collaboration avec De Niro ait pris fin, Scorcese était alors beaucoup plus inspiré.
De Metter. La BD
L'adaptation de Christian De Metter pour la BD dans l'excellente collection Rivages/ Casterman/ Noir est beaucoup plus convaincante que celle réalisée par Scorcese. Les dessins réalisés directement au pinceau et les couleurs brunes et bistres rendent l'atmosphère angoissante et l'univers Kafkaien du roman. Même le ciel bas et lourd est aussi sombre que les murs de la prison. Les seuls moments où la lumière apparaît dans la BD correspondent à des souvenirs de Daniels…quand le rêve rejoint la réalité. Un excellent travail graphique!
Vous pouvez relire le billet de Mango sur le livre en août 2010