Ray. Les amants de la nuit.1947.

En hommage à Farley Granger.

Trois condamnés à perpétuité s'échappent d'un pénitencier. Les deux premiers sont des truands endurcis Dub et Chikamaw, le troisième Bowie est un jeune homme qui a passé sept ans de sa vie derrière les barreaux pour avoir participé à un meurtre auquel il a assisté. Le trio en cavale se rend chez le frère de Chicamaw, repaire d'individus en marge de la société, méchants et violents. Une fleur dans ce tas de fumier, Keechie la niéce de Chicamaw. Bowie et Keechie sont deux jeunes êtres qui jurent dans ce monde de brutes. Mais ils ne peuvent en sortir, amoureux l'un de l'autre ils sont entraînés dans une série de hold-up. Ils vivent en bêtes traquées. La mort est l'issue fatale: Dub, puis Chinamaw et enfin Bowie perdront successivement la vie. Keechie devra élever seule l'enfant de Bowie.

Cette histoire tragique respecte une partie des codes du film noir. On rencontre des personnages de truands violents qui cognent ou tuent par plaisir, mus par le seul appât du gain. Les lieux sont souvent glauques, sordides, les ambiances nocturnes. Ray filme avec talent la noirceur de la nuit mais aussi de la vie.

Cependant l'intérêt essentiel du film ne provient pas de l'action. Ray ne réalise pas un film de gangster, il ne cherche pas à monter l'organisation d'un hold up, il montre l'errance d'un jeune couple victime du milieu dans lequel ils sont nés, des victimes de la société. Ce sont des êtres inadaptés. Keechie et Bowie tentent de trouver quelques instants d'amour dans une société pourrie. Les rares moments de bonheur se trouvent au coeur de la nuit, car ils ne peuvent vivre le jour. Le couple formé par Cathy O'Donnel  et Farley Granger est inoubliable. Quels Amants de la nuit !