Brian Michael Bendis. Goldfish.
Goldfish est de retour à Cleveland après dix ans d'absence. Ce joueur de cartes, petit arnaqueur, est décidé à récupérer un bien très précieux à ses yeux. Mais, de ce fait, il doit affronter son ancienne compagne Lauren qui règne sur le milieu du jeu, sur la pègre locale.
Tous les éléments du roman noir sont réunis : la ville, les boîtes de nuits, le jazz, les truands, les flics et notables ripoux, les femmes fatales, le proc' intègre… le tout dans une ambiance moite et nocturne, sur un lit de cadavres. Bendis multiplient les références aux classiques du film noir dont il semble s'être largement inspiré. Dans cette histoire, dont on sait dès les premières pages que le dénouement sera sans espoir et violent, l'originalité scénarique naît des relations complexes passées entre Lauren et Goldfish. Le lecteur s'interroge pendant une grande partie du roman sur les raisons profondes du retour du joueur de cartes, sur son entêtement à affronter seul l'organisation criminelle dirigée par Lauren.
L'album est très sombre, les dessins sont en noir et blanc, plus noirs que blancs. Mais l'intérêt majeur du travail de Bendis provient de la mise en page très dynamique de l'intrigue. Là encore, l'auteur semble très influencé par le cinéma. Grâce à un travail sur la répétition d'images, les variations de cadres, ou les échelles de plan, il joue sur des modifications du rythme, il réussit à produire un mouvement interne, l'image s'anime. Toutes ces qualités, je les avais découvertes à la lecture de Torso, ouvrage réalisé en collaboration avec Andreyko. Un bon roman graphique.