Alexander Sokourov. Faust. Un livre , un film énigme N° 38.

Peu de participants et troisvainqueurs du prix Méphisto: Eequab, Myriam et Dasola, qui ont trouvé Faust de Sokourov Lion d'Or du dernier Festival de Venise.

Alexander Sokourov. Faust.

Faust, qui a reçu le Lion d'Or du festival de Venise est le dernier volet d'une tétralogie, une réflexion mené par Alexander Sokourov sur le pouvoir et la mort.

Alexander Sokourov a entrepris une réflexion sur le pouvoir et ses formes destructrices, pour lui Le XX ème  siècle a été celui de la naissance de grands empires totalitaires qui  ont mené le monde au chaos avec à leur tête des hommes qui ont régné sans partage sur leurs pays. Il a dénoncé Hitler et le nazisme dans Le portrait dans Moloch(1999), la dictature soviétique dans Taurus (2000), la folie d'Hiro Hito dans  Le Soleil (2004). Faust, qui a reçu le Lion d'Or du festival de Venise, est le dernier volet de cette réflexion. Car toutes les dictateurs qui sèment la mort ne seraient en fin de compte que des Faust, mus par leurs instincts triviaux, la soif de possession et de puissance. Chez Sokourov, le mal fait partie de la condition humaine. Quand Faust passe un pacte avec le diable, c'est pour arriver plus vite à ses fins, posséder une nuit d'amour avec la belle Marguerite. Car Faust ne craint ni Satan ni Dieu, il ne croit qu'à l'action, qu'à sa soif de comprendre et à sa volonté de dominer le monde. Dans une des séquences inaugurales du film, Faust traduit le prologue de l'Evangile selon Jean, il rejette la traduction  classique "Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu." et lui substitue une formule: "Au début était l'action…" définition athéiste qui rejoint même celle du  fascisme selon Mussolini.

La raison de vivre des créatures imparfaites que nous sommes tient dans notre volonté à pousser notre rocher comme Sisyphe , à chercher à comprendre, comme Faust, l'origine des geysers, à maîtriser la connaissance .Quand Faust marche  sur les champs de lave, et sur les glaciers immaculés, il se prend pour un nouvel Archange, il est avant l'heure Hitler, Lénine ou Hiro Hito, mais l'image démontre la vacuité de son propos, tous les dictateurs finissent seuls. Et pour Sokourov, la tétralogie est bouclée, le cycle consacré à la réflexion sur le pouvoir est terminé. Les tyrans sont tous les fils de Faust, des démiurges. Les victimes sont aussi leurs enfants en partie consentants. 

Le film tourné dans la langue de Goethe est magnifiquement interprété par Johannes Zeller, (Faust ) pour qui la science, l'envie de savoir, la maîtrise du monde priment  sur les sentiments. La ravissante TIsola Dychauk partagée entre Dieu et la réalité terrestre succombe bien vite comme la majorité des humains aux plaisirs de la chair . Dans ce monde  terrestre, Mephisto trouve sans problème des clients à l'enfer. L'homme est prêt à tout pour vivre quelques années de plus à l'abri du besoin au risque de perdre son âme. Que lui réserve l'enfer ? Et  Anton Andansinsky incarne  un Méphisto , difforme physiquement, qui a endossé les habits d'un usurier. Sokourov qui avait l'habitude de signer lui-même l'image de ses  films a fait appel  au français Bruno Delbonne pour assurer la photographie de Faust, et le résultat est particulièrement réussi. L'image se déforme quand elle est le reflet de la pensée des personnages; elle traduit par ses anamorphoses, ses distorsions, ses surexpositions le reflet de leur âme torturée. Chaque plan est un tableau inspiré de la peinture romantique allemande, mais aussi des tableaux qui ont empli l'imaginaire de Sokourov, ceux qu'il a croisé lors du documentaire réalisé au Musée de l'Ermitage "L'Arche russe".

 Sokourov apparaît dans ce film l'héritier direct de Eisenstein, Dovjenko ou Tarkovski.

FAUST - Bande-annonce VO

Comments

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@miriam: un film qui va permettre de longues discussions.

[miriam]

tu m'as convaincue! il faut absolument que je trouve le temps avant les vacances!

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@asphodèle: Hé, hé je suis le nouveau Faust mais Méphisto n'a même pas voulu de mon âme véreuse.

[Asphodèle]

J'y étais presque !!! :lol: J'en ai entendu parler (de cette version) mais pas plus que ça et je ne connais pas le cinéaste ! Mais quel billet, je le note pour le DVD... :) Bon dimanche l'artiste !

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@eequab: il faut se laisser prendre par le rythme.