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En effeuillant le chrysanthème..
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14 septembre 2012

Jonathan Coe. Humphrey Bogart.

9782866424251

La biographie de Bogart par l'écrivain Jonathan Coe tente de cerner la personnalité de l'acteur.  Un homme qui pouvait présenter un visage totalement contradictoire comme l'a décrit  un de ses amis proches, Alistair Cooke : " Certains ne voyaient en lui qu'un ivrogne mal luné, un pilier de bar amateur de plaisanteries cruelles et même sadiques, un cynique que sa paranoïa poussait à d'odieuses agressions verbales à l'endroit de quiconque sentait la pompe ou l'autorité, ou pouvait être soupçonné d'homosexualité. D'autres qui le connaissaient bien, le décrivaient comme gentil, généreux, modeste, plein d'un humour affectueux ou triste, aimable avec les inconnus , sensible et plein de prévenance pour les invités timides ou abandonnés dans leur coin."  Il est indéniable que Bogart pouvait devenir brutalement un être agressif et violent sous l'effet de l'alcool. Coe cite Lauren Bacall qui lors d'une croisière sur leur bateau, peu après leur mariage (le quatrième de Bogart): "Je ne sais pas ce qui s'est passé cette fois là- mais soudain il a commencé à me battre….je n'avais jamais vu une  pareille fureur, insensée, déchaînée. C'était atroce." Coe ajoute que Bogart a laissé derrière lui: "un cortège d'histoires de raclées infligées à des chauffeurs de taxis, de bagarres lors de soirées et d'expulsions de boîtes de nuit".  Coe ajoute que "la  forme béguine de sa pugnacité était sa manie d'asticoter les gens". L'explication généralement donnée à cette attitude en dehors de l'alcool serait lié à un côté paranoïaque de la personnalité de l'acteur, un sentiment très développé de persécution.

Dans son ouvrage, Coe revient sur le rôle joué par Humphrey Bogart à Hollywood pendant la période du Maccarthysme. Bogart fut pendant un temps en première ligne pour défendre les victimes de la chasse aux sorcières, mais il fut un des premiers de leurs défenseurs à prendre ses distances et à affirmer publiquement sa haine à l'égard du communisme. Coe affirme même qu'en 1952 aux élections présidentielles, Bogart était prêt à soutenir le  républicain Eisenhower ! C'est seulement sous l'influence de Bacall qu'il a finalement voté pour le  candidat Démocrate.

Coe soutient la thèse intéressante que les rôles les plus marquants de Bogart sont ceux qui sont le plus proche de sa personnalité, quand Bogart  se met en scène. Longtemps cantonné dans des rôles de durs, de truands, ses interprétations sont correctes mais pas inoubliables, ce qui a fait longtemps de lui un acteur de second plan. C'est dans des films comme Casablanca, le Faucon Maltais,  Le port de l'Angoisse ou Le violent que s'expriment dans le jeu la véritable personnalité complexe de l'acteur.

Coe, écrivain et biographe, est aussi critique de cinéma.  Il donne son avis  personnel sur les grands films qui jalonnent la carrière  de Bogart.  En accord avec lui  sur de nombreux films Je suis parfois loin parfois de partager toujours son avis. Ainsi il juge "La Comtesse aux pieds nus" de Manckiewicz particulièrement médiocre. Coe déclare à propos du film: " Dans les années cinquante, ce film passa probablement pour superbe et opulent, mais aujourd'hui il nous fait l'effet d'un film mollasson en technicolor criard… un film qui sacrifie tout sur l'autel de la philosophie de quatre sous de Mankiewicz." Je connais quelques adorateurs du film qui vont grincer des dents. 

Une biographie à lire avant de revoir un des films de Bogie. 

   

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Commentaires
W
@Pierrot Bâton: Bogart, inoubliable....même dans la Comtesse, film inoubliable.
W
@Eeguab: j'ai extrait la citation en pensant à toi...
P
Me faisait l' effet d' un sacré macho, le Humphrey mais ..........quand même, j' aime bien quand il a tous les malheurs du monde sur les épaules, le mégot au coin des lèvres et les rides du pas-sourire ! N' en déplaise à Jonathan, même si le film a vieilli, "la comtesse" reste un grand souvenir. Et dans le plus léger, j' adore "Sabrina".......
E
Je grince des dents,mais alors je grince...J'ai beaucoup aimé La pluie,avant qu'elle ne tombe,le roman de Jonathan Coe mais quand même je grince des dents.<br /> <br /> Quant au maccarthysme et aux déclarations et revirements de tel ou tel ce que j'ai pu en lire m'incite à la circonspection en général.<br /> <br /> <br /> <br /> 3Dans les années cinquante, ce film passa probablement pour superbe et opulent, mais aujourd'hui il nous fait l'effet d'un film mollasson en technicolor criard… un film qui sacrifie tout sur l'autel de la philosophie de quatre sous de Mankiewicz3<br /> <br /> <br /> <br /> Ma pauvre Comtesse!Mais s'il n'en reste qu'un je serai celui-là...
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