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En effeuillant le chrysanthème..
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9 décembre 2012

Max Ophuls. Le plaisir.

plaisir

Le prix "Servais", du nom du comédien qui illustrait la question 51 est attribué à: Aifelle, Asphodèle, Keisha, Dasola, Gwénaelle, Pierrot Bâton, Miram et Maggie.

Max Ophuls en choisissant d'adapter trois nouvelles de Maupassant a réalisé un triptyque sur le thème du plaisir étourdissant et du bonheur qui s'effrite au fil du temps. Les trois histoires sont contées en voix off par un narrateur extérieur, Maupassant, observateur de l'âme humaine. 

Dans Le masque ,un homme  met toute son énergie à danser maladroitement avant de s'effondrer au sol dans un bal.  Emmené dans le sous-sol du palais de la danse, un médecin enlève le masque qui couvre son visage, c'est  celui d'un vieillard qui apparaît. L'homme a refusé de vieillir, il voudrait encore séduire de jeunes femmes. Son épouse, dans un modeste logement, l'attend avec amour,  elle, qui a accepté toutes les infidélités de son mari au cours de leur mariage. La mise en scène souligne les deux temps de l'histoire. La caméra virevoltante d'Ophuls dans un décor de palais des glaces nous fait tourner la tête au rythme de la musique enlevée jusqu'à la chute de l'homme, de la fin du plaisir factice. Dans l'appartement , peu éclairé, qui contraste avec la lumière éblouissante du Palais de la Danse, la caméra s'assagit les mouvements de caméra sont réduits, la durée des plans s'allonge, la mélancolie envahit l'image.

Les pensionnaires de La Maison Tellier ont abandonné la maison close d'une petite ville portuaire pour assister à la communion de la nièce de Madame, leur patronne. Sous l'effet inattendu de la campagne et des chants religieux, les braves filles retrouvent une pureté, une émotion refoulées. Ophuls s'amuse à dénoncer la médiocrité de la vie de Province. Les petits bourgeois abonnés à la Maison, enfermés dans un ennui quotidien, ne se conduisent guère mieux que les marins en goguette.  Comme pour les bourgeois, amasser  de l'argent est le symbole de la réussite des paysans et, le curé en tête, ils ne s'offusquent pas de la présences des prostituées à la noce puisque Madame  Teillier a réussi, son commerce est florissant. Maupassant et Ophuls se moquent avec tendresse de ces prostituées qui gardent au fond du coeur une véritable pureté, il aime les filmer au milieu des champs à la manière de Monet, de Renoir… Le retour en ville, dans la Maison Tellier que l'on observe seulement de l'extérieur, fait taire les querelles entre les notables : la cargaison de chair fraîche est de retour et avec elle, le plaisir.

La tonalité du Le Modèle est plus sombre. Un jeune peintre et son modèle s'aiment d'amour fou, mais l'artiste finit par se lasser. Il quitte la jeune femme, qui se défenestre par désespoir. Elle échappe à la mort,  mais perd l'usage de ses jambes. Se sentant coupable, le peintre décide de l'épouser. Bien des années plus tard, l'artiste devenu célèbre, pousse la voiture de son épouse. Est-ce cela le bonheur? car le bonheur n'est pas gai comme l'affirme le narrateur.

Ophuls a su réunir tous les talents de son époque :  Jean d'Eaubonne  pour les décors,  Christian Matras pour l'image, Joe Hayos et Michel Yvain pour la musique. Les plus grands comédiens de l'époque, tous excellents, ont accepté de participer au film dans de petits rôles: jean Servais (le narrateur), Claude Dauphin, Gaby Morlaix, Madeleine Renaud, Daniel Darrieux, Jean Gabin, Louis Seigner, Daniel Gélin…

Un pur chef d'oeuvre.

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