Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
En effeuillant le chrysanthème..
Archives
7 décembre 2014

Le grand cahier. Janos Szasz. 2013.

458902

IL fallait trouver "Le grand cahier, film de Janos Szasz, sorti sur les écrans français en mars 2014. Il est adapté d'un roman éponyme de Agota Kristof. Les vainqueurs du jour sont: Eeguab, Miriam, Aifelle, Dasola, Therese, Keisha et Valentyne.

Synopsis: (production)

Pendant la Seconde Guerre mondiale, des jumeaux sont envoyés à la campagne, chez leur grand-mère sadique. Dans un pays dévasté, confrontés au froid, à la faim et à la cruauté humaine, ils ont pour seul refuge un grand cahier, dans lequel ils décrivent leur quotidien.

Mon avis:

L'adaptation du roman de Agota Kristof  s'avérait particulièrement délicate. En effet alors que l'écrit suggère, l'image impose une interprétation, celle des scénaristes et du réalisteur qui n'est pas obligatoirement celle du lecteur.

La narration dans le livre s'effectue à la première personne du singulier, Nous. Mais qui est véritablement le narrateur ?  un des jumeaux? les deux ? à moins qu'il ne s'agisse pas de véritables frères, mais d'un dédoublement de personnalité. Sur l'écran le choix est imposé: les deux frères écrivent ensemble le compte rendu de leur histoire.

Quel âge ont ces deux frères ? un seul renseignement précis nous est fourni par le le livre de Kristof , après un passage à tabac, les jumeaux nous parlent  de perte de dent de lait .  S'il s'agit d'incisives ou de canines les enfants ont moins de 10 ans. Le réalisateur a fait le choix d'acteurs plus âgés 13 ou 14 ans, et de fait moins naïfs et plus responsables de leurs actes. 

 

Pour les auteurs du film, la durée du récit s'étend d'août 1944 au printemps 1945, c'est à dire sur une période de temps limitée, très importante pour l'histoire de la Hongrie. Pour l'Allemagne nazie, Les hongrois ont été parmi leurs derniers alliés, le régime magyar n'hésitant pas jusqu'au dernier moment à déporter des juifs vers les camps de concentration et les escadrons des croix fléchés hongrois se sont chargés de l'exécution massive de juifs. La fuite des troupes allemandes devant l'avancée del'armée soviétique n'a pas été vécue par tous les hongrois comme une libération. Angela Kristof se garde bien de dater son récit qui semble s'étendre sur une plus longue période. Elle ne fait aucune référence précise à la Hongrie, son récit se veut plus symbolique. Peu importe les lieux et le temps, la guerre génère l'horreur. Et les victimes sont avant tout les enfants, qui pour espérer survivre doivent devenir aussi insensibles et cruels que les adultes.

Sur les écrans il est impossible de présenter toute l'horreur développée dans le roman , en particulier sur le plan sexuel .De fait le réalisateur omet des épisodes, il refuse de présenter  des images de viol, de zoophilie, d'actes sadomasochistes…il se censure d'une manière légitime. Pourtant même si ces scènes nous secouent dans le livre nous pouvons les admettre  car  le récit est placé sous l'angle presque naïf, purement descriptif et objectif des enfants. Ils ne font que traduire en mots, sans jugement, ce qu'ils ont vu ou fait. Le film apparaît donc comme une version très édulcorée du roman.

La mise en scène de Janos Szasz est très académique. L'image est soigneusement composée , léchée. Les plans longs sont parfaitement éclairés. Mais ce choix est à mes yeux l'antithèse du style de Kristof. Et les enfants, peu convaincants, apparaissent uniquement comme des  représentations symboliques de l'horreur de la guerre, des porteurs d'idée. Le spectateur n'éprouve aucune empathie pour les deux jumeaux, et a du mal à admettre leur changement d'attitude en quelques mois, par exemple vis à vis de leur grand mère odieuse, qu'ils finissent  par choisir contre leur mère.

Le livre méritait une meilleure adaptation. 

Publicité
Commentaires
V
Merci pour cette présentation du film , Wens :-)<br /> <br /> Bonne soirée :-)
En effeuillant le chrysanthème..
Publicité
Derniers commentaires
En effeuillant le chrysanthème..
Publicité