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En effeuillant le chrysanthème..
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25 septembre 2011

Victor Hugo. Le Mendiant.

Victor-HugoUn pauvre homme passait dans le givre et le vent.

Je cognai sur ma vitre ; il s'arrêta devant

Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile.

Les ânes revenaient du marché de la ville,

Portant les paysans accroupis sur leurs bâts. 

C'était le vieux qui vit dans une niche au bas 

De la montée, et rêve, attendant, solitaire, 

Un rayon du ciel triste, un liard de la terre, 

Tendant les mains pour l'homme et les joignant pour Dieu. 

Je lui criai : « Venez vous réchauffer un peu. 

 

Comment vous nommez-vous ? » Il me dit : « Je me nomme

Le pauvre. » Je lui pris la main : « Entrez, brave homme. »

Et je lui fis donner une jatte de lait.

Le vieillard grelottait de froid ; il me parlait, 

Et je lui répondais, pensif et sans l'entendre. 

« Vos habits sont mouillés », dis-je, « il faut les étendre, 

Devant la cheminée. » Il s'approcha du feu. 

Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu, 

Étalé largement sur la chaude fournaise,

Piqué de mille trous par la lueur de braise,

Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir étoilé. 

Et, pendant qu'il séchait ce haillon désolé 

D'où ruisselait la pluie et l'eau des fondrières, 

Je songeais que cet homme était plein de prières, 

Et je regardais, sourd à ce que nous disions, 

Sa bure où je voyais des constellations.

 

Victor Hugo, Les Contemplations (1856)


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Commentaires
W
j'ai pensé à ce poème en écrivant mon billet sur les raisins de la colère.
C
Ah Victor Hugo ! Ce sera toujours le plus Grand des plus Grands !
En effeuillant le chrysanthème..
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En effeuillant le chrysanthème..
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