Clara Dupond-Monod. Nestor rend les armes.
Présentation de Clara Dupont-Monod
« Lui, c’était un homme d’excès. Un homme qui n’avait pas peur des outrances, prêt à vivre avec un corps et une mémoire démesurés. Il mangeait trop, dormait en criant, ne passait pas les portes et ne faisait aucun effort pour se lier. »
Résumé de l'éditeur:
Clara Dupont-Monod, avec ce nouveau portrait d’un être des marges, poursuit une œuvre forte et singulière. Nestor est obèse. De cet homme désigné au regard des autres comme un monstre, elle tente, avec une paradoxale économie de mots, de saisir le mystère. Au fil des pages, et comme à l’insu du lecteur, le gros père prend la dimension d’un être humain riche de son histoire. Celui dont le seul horizon est la photo d’un phare du bout du monde devient sous nos yeux un personnage : argentin, arrivé en France pendant la dictature, il y a retrouvé une jeune femme qu’il a épousée et avec qui la vie était douce. Jusqu’au drame qui inexorablement les a éloignés l’un de l’autre, au point qu’il finisse enfermé dans la rassurante forteresse de sa propre chair. À force de patience et de tendresse, une jeune femme médecin parviendra peut-être à conjuguer sa propre solitude à celle de ce patient peu ordinaire. La langue riche et précise de Clara Dupont-Monod agit comme un charme puissant pour suggérer l’indéfinissable attachement qui naît entre ces deux-là. L’écrivain se garde bien de conclure : trois issues s’offrent au lecteur, comme s’il était impossible qu’une histoire aussi improbable et bouleversante finisse mal.
Mon avis:
Nestor est un argentin qui a fui la dictature militaire des années 7O. Il est en apparence un bon mari, qui se rend tous les jours en bus à l'hôpital au chevet de son épouse Mélina plongée dans le coma. Mais en réalité Nestor est indifférent à la situation de sa femme "Melina meurt et je m'en fous" . Au retour de l'hôpital, il fait ses courses et dans sa cuisine on n'se prépare à manger et avale d'énormes quantités de nourriture. Manger c'est le moyen de lutter contre la maladie que l'opère pas, la solitude, comme il le déclare: "Je suis horriblement seul". Nestor est devenu obèse, son physique lui permet de s'isoler du reste du monde car "un gros c'est repoussant, au sens propre, au sens sale aussi…". Nestor ne s'aime pas: "Je suis un salaud …un bon gros vrai salaud, incurable et assumé, qui se fiche de tout, sauf de son déjeuner."
L'auteur nous livre peu à peu les raisons de cette attitude. Le départ d'Argentine pèse sur les épaules de Nestor car "l'exil était cet écrasant pouvoir de fatigue…Partir, c'est moins douloureux qu' être parti". Mais un drame a surtout provoqué l'éloignement entre Nestor et son épouse et l'a plongé dans cette terrible solitude. Alice,une jeune femme médecin, solitaire elle aussi, arrivera à fendre la carapace de chair épaisse dont s'est entouré Nestor.
Le roman présente un double narration. Un narrateur extérieur. nous décrit avec une précision parfois quasi- scientifique, le comportement, le moindres geste de Nestor, et nous fournit les clés de l'histoire. Régulièrement Nestor intervient, nous livre ses pensées, se juge sans complaisance. Nestor est un être fascinant, que vous ne voulez pas quitter un seul instant quand vous avez commencé la lecture du roman.Seul bémol au roman, j'ai eu beaucoup moins d'empathie pour Alice, personnage auquel j'ai eu du mal à croire.
Nestor rend les armes est un grand roman, Clara Dupont-Monod un véritable auteur.
Merci à Jeneen