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En effeuillant le chrysanthème..
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12 février 2012

Hitchcock. Fenêtre sur cour. 1954.

fenetre_cour1Réponse à l'énigme N°21: Fenêtre sur cour. 

Fenêtre sur Cour a été réalisé en 1954 par Alfred Hitchcock.Le scénario est adapté d'une nouvelle de Cornell Woolrich William Irish).  Grace Kelly et James Stewart interprètent les rôles principaux.

Les Voyeurs du jour sont: Eeguab, Dasola, Keisha, Somaja, Aifelle, Asphodèle, Jeneen, Océane…  Merci pour leurs messages à: Dominique , Miriam, Maggie et Lireaujardin.

Voir la présentation de la nouvelle par  Claudialucia : ICI 


 

Hitchcock .Fenêtre sur cour.1954.

Synopsis:

A New- York lors d'une canicule, L.B. Jefferies  photographe est cloué sur son fauteuil roulant, une jambe dans le plâtre brisée lors d'un reportage sur une course automobile. Jeff passe son temps à épier de sa fenêtre le vie de ses voisins en dehors des visites de son infirmière Stella et de sa "fiancée" Lisa. Une nuit lors d'un orage, il est réveillé  par le cri d'une femme de l'appartement d'en face, il observe l'étrange ballet du mari Lars Thornwall qui quitte le logement avec une valise à plusieurs reprises. Il est vite persuadé que l'homme a tué sa femme. Comme dans son état,  il ne peut agir il fait appel à un de ses amis inspecteurs de police, Doyle qui se moque gentiment de lui.  Mais Lisa et Stella finissent aussi par être convaincues de la culpabilité de Thornwall et vont  se mettre en quête de chercher les preuves du meurtre.

12336Mon avis: 

Le scénario de John Michael Hayes suit les grandes lignes de la structure  narrative de la nouvelle de Irish, il est construit comme une pièce de théâtre en 5 actes. L'acte 1 permet de mettre en place les principaux personnages, de cerner leur personnalité et d'aborder les thèmes du mariage et du voyeurisme. Dans le second acte, Jeff en épiant ses voisins, se construit des histoires et imagine le meurtre de Miss Thornwall. Dans le troisième acte il s'efforce de convaincre son entourage de l'assassinat de sa voisine,  au milieu de l'acte c'est à dire au milieu du film (cinquante quatrième minute du film qui en compte 107 ) Lisa jusqu'alors sceptique adopte le point de vue de Jeff. Au quatrième acte, Jeff, Lisa et Stella semblent déçus que le meurtre n'ait pas eu lui, mais leur déception ne sera que passagère, la mort d'un petit chien leur redonne confiance. Le dernier acte est celui du dénouement: l'assassin arrêté, le voyeur est puni, et le mariage de Jeff et de Lisa se profile. Pauvre Jeff!

Même si Hitchcok  nous dit que Stella est marié depuis de nombreuses années, sa vision du couple n'est guère réjouissante. Le fiancé de Miss Torso est un être rustre. Le couple au petit chien dort tête bêche.  Dès le deuxième jour de son mariage, l'épouse de l'appartement voisin commence à grogner et le mari à souffler. Thornwall élimine son épouse malade et acariâtre. Jeff va certainement convoler et sa liberté  va s'envoler.

Le film aborde le thème du voyeurisme. De son appartement, de son mirador, il rentre dans l'intimité de ses voisins jusqu'à utiliser des téléobjectifs pour mieux les surprendre. Il aime observer sans être vu, son regard sur la danseuse miss Torso déclenche un plaisir érotique que la splendide Lisa ne provoque pas. Hitchcock nous rappelle par l'entremise de Stella que le voyeurisme doit être condamné et qu'autrefois pour cet acte "On vous brûlait les yeux avec un tisonnier rougi à blanc". Jeff est d'ailleurs puni s'il ne perd pas la vue sa deuxième jambe sera brisée. Mais Hitchcock n'épargne pas les spectateurs qui ne sont pas différents de Jeff comme le fait remarquer Stella: " Nous devenons une race de voyeurs!". 

Jeff par son métier est le double du cinéaste qui invente des histoires et les fixent sur de la pellicule, il écoute et enregistre les voix, les bruits et les musiques. Il est bloqué dans son siège comme le réalisateur lors d'un tournage. Tous les fenêtres des appartements peuvent être assimilées à des écrans de télévision qui diffusent des épisodes de télé-réalité en direct, Jeff assis dans son fauteuil roulant choisit son programme, zappe d'une fenêtre à une autre, d'un écran à l'autre. Il invente les moments qui lui ont échappé. Le film apparaît  donc  un mise en abime du cinéma dans le cinéma, du spectacle dans le spectacle. Dès le début du film,les stores se lèvent comme le rideau dans un théâtre. 


FENÊTRE SUR COUR - REAR WINDOW

Les acteurs sont exceptionnels. James Stewart est le voyeur, le scénariste d'un meurtre improbable, qui met en scène ses acteurs Lisa et Stella, mais les interprètes finissent par lui échapper. Nous connaissons la vie de Jeff plus par l'image que par les dialogues, sa vie est résumée  par un panoramique qui court le long des murs. Grace Kelly est Lisa mannequin de haute couture, elle incarne la beauté qui se met en vedette lors sa première apparition à l'écran. Elle allume les lumières de l'appartement de Jeff, comme des rampes d'éclairage d'un plateau de cinéma, elle est une star filmée comme une star. Par jeu et pour séduire Jeff elle devient temporairement femme d'action, mais à la fin du film elle abandonne les romans d'aventures pour le magazine Vogue. Thelma Ritter est une actrice de second rôle de grand talent, qui a trouvé chez Mankiewicz ses plus beaux rôles. Elle est Stella , l'efficace infirmière qui incarne le bon sens populaire. L'image signée de Robert Burkes, qui a collaboré à douze reprises avec Hitchcok est superbe et la musique de Franz Waxman sert magnifiquement le film.  

C'est mieux qu'un film "qui pense", un film qui donne à penser. Généreusement. Jusqu'au vertige ( Serge Daney).

Anecdote: la construction du décor.

Pour les besoins du film il fallut construire  un décor unique, un des plus grands jamais réalisés. Jeff de son fauteuil observe 31 appartements. Douze furent entièrement meublés. Cette construction en studio permettait à Hitchcock de maîtriser les éclairages des logements en fonction de l'évolution de l'histoire, des moments de la journée et de la nuit.


Fenêtre sur Cour

 

Les Fenêtres. Baudelaire.

220px-Baudelaire_crop      Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.

      Par delà des vagues de toits, j’aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.

      Si c’eût été un pauvre vieux homme, j’aurais refait la sienne tout aussi aisément.

      Et je me couche, fier d’avoir vécu et souffert dans d’autres que moi-même.

      Peut-être me direz-vous : « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? » Qu’importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m’a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?

 

 Charles Baudelaire - Le Spleen de Paris

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Commentaires
W
@jeneen: Biz de nous deux.
J
enquête ne cours..........biz à ta dame
W
@jeneen: les cahiers des ailes du désir et Contrebande.
J
oh la, je m'incline, si, si (et là, je reste cooincée, vu mon "grand âge"...!)et dans quelles revues, mr Cinéma ?
W
@jeneen: j'ai écrit un article sur les 39marches et un autre sur la mort aux trousses dans deux revues de ciné.
En effeuillant le chrysanthème..
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