un livre, un film. Enigme N°11
Réponse à l'Enigme N° 11 : Les Passagers de la nuit. 1947.
Il s'agissait du film Les passagers de la nuit ( Dark Passage) réalisé par Delmer Daves en 1947, il est adapté du roman de David Goodis, paru en France sous le titre "Cauchemar".
Delmer Daves est surtout connu pour ses westerns. En 1950, il met en scène "La flèche brisée" qui est considéré comme un des premiers westerns pro-indiens. C'est aussi le réalisateur entre autres de : "3 heures 10 pour Yuma "avec Glenn Ford et de "La Colline des potences" avec Gary Cooper.
Peu de vainqueurs pour cette énigme n°11 : Aifelle, Eeguab, Sabbio et Jeneen.
Ont donné leur langue au chat: Maggie, Kgire, Dasola,Asphodèle, Lireaujardin.
En 1946, Jack Warner achète les droits d'adaptation du second livre de Goodis, Dark Passage (traduit en français sous le titre de Cauchemar) et en confie l'écriture à Delmer Daves. Mais à la lecture du scénario, Warner refuse de tourner le film. Il s'inquiète du pari osé proposé par Daves, le visage de l'acteur principal, en l'occurrence Bogart, n'apparait qu'au bout de 60 minutes, remplacé par une caméra subjective. Pourtant quand Warner apprend que la société de production MGM met en chantier La Dame du Lac, réalisée par Robert Montgomery, totalement en caméra subjective, iI donne le feu vert.
Vincent Parry, condamné à perpétuité pour le meurtre de sa femme, s'évade de la prison de San Quentin. Sur son chemin, il croise une jeune artiste peintre Irène Jansen, qui l'aide à échapper à la police. La jeune femme qui a suivi le procès de Parry est convaincue de son innocence. Activement recherché, Vincent décide d'avoir recours à la chirurgie esthétique, il se fait réaliser un nouveau visage. Parry se lance sur la piste du véritable coupable du meurtre de son épouse. Mais la malchance, le destin semblent s'acharner sur lui, un thème récurrent dans le roman et le film noir .
Pour Delmer Daves et David Goodis, Vincent Parry est une victime de la société. Sous la pression de la rue et de la presse, son procès a été bâclé. Au plus vite, Il faut désigner un coupable et Parry apparaît comme le meurtrier idéal. Pour espérer continuer à vivre, Vincent doit se construire une nouvelle identité, un nouveau visage. Cette transformation, il l'accomplit avec des aides improbables. Dans la nuit un chauffeur de taxi l'amène chez un chirurgien qui accepte de modifier son visage. Delmer Daves prend à contre-pied les codes traditionnels du film noir, la nuit n'est pas le monde du mal mais celui de la solidarité des exclus, des êtres en marge de la société. Mais sans le secours d' Irene Jansen, dont il tombe amoureux Vincent ne pourrait échapper à la justice.
Daves réunit pour la troisième fois le couple mythique de Lauren Bacall et Humphrey Bogart (après Le Port de l'Angoisse et Le grand Sommeil réalisés par Howard Hawks). Leur complicité à la ville comme à l'écran est totale. Bogart alors une dès plus grandes stars d'Hollywood a accepté un rôle que d'autres auraient refusé, son visage n'apparaissant qu'aux deux tiers du film. Mais Daves sait utiliser la voix inoubliable de Boggy. Le film est resté particulièrement célèbre par sa séquence d'ouverture, celle de l'évasion de Parry. Daves se révèle un prodigieux cinéaste dans l'utilisation de la caméra subjective totalement justifiée par l'intrigue.
L'adaptation tient compte de la censure, du code Hays qui pèse sur les studios. Parry doit être considéré comme une victime et non comme un meurtrier. Les morts violentes d'un maître chanteur ou celui du véritable assassin de son épouse sont des accidents. La fin sous forme de happy end diffère quelque peu de celle de Goodis.
Un classique , à voir et à revoir.