Etienne Davodeau. Les mauvaises gens.
Etienne Davodeau. Les mauvaises gens.
Les Mauvaises Gens est un hommage rendu par Etienne Davodeau à ses parents, Marie Josée et Maurice. C'est leur histoire que l'auteur raconte sur une trentaine d'années. Enfants de milieu très modeste, ses parents sont nés pendant la seconde guerre mondiale dans un petit village des Mauges, région dont le nom viendrait de la contraction de mauvaises gens. Dans les Mauges, pays vendéen, le catholicisme est fortement ancré et la vie politique est dominée par la droite conservatrice.
A quatorze ans Marie-Josée doit quitter l'école et gagner l'usine de chaussures voisine. Maurice est placé comme apprenti et passe son CAP de mécanicien ajusteur. Ils militent tous deux à la JOC ( Jeunesse ouvrière Catholique), c'est dans ce cadre que Marie- Josée et Maurice se rencontrent. Progressivement leur militantisme social bascule sur le terrain syndical, ils deviennent adhérents à la jeune CFDT et participent aux premiers grands conflits syndicaux qui secouent la région. Ils voient se construire le Parti Socialiste et Maurice, devenu professeur du technique, sera même candidat sous l'étiquette PS à une élection cantonale. A travers l'histoire de ses parents, Etienne Davodeau racontel' histoire de militants comme l'indique le sous titre de l'album. Il montre aussi l'évolution du monde catholique, partagé entre conservateurs et militants de progrès, entre patrons paternalistes- exploiteurs et militants pour une plus grande justice sociale.
Le lecteur assiste aux étapes de la création de ce roman graphique. Comme certains documentaires, Etienne Davodeau se met en scène en train d'interroger ses parents et leurs amis. Dans une scène, il montre que de longues discussions ont été nécessaires pour obtenir l'aval de ses parents pour réaliser ce livre. Il n'hésite pas à montrer les points de désaccord qui existent entre lui et ses parents,sur la conception de la société. En particulier Marie Josée et Maurice les catholiques ont beaucoup de mal à accepter que leurs petits enfants ne soient pas baptisés. Mais dans chaque page due livre transparaît l'amour et l'admiration de l'auteur pour ses parents, militants sincères droits et honnêtes.
Le livre s'achève sur le portrait de François Mitterand vainqueur de l'élection présidentielle de 1981, premier président socialiste de la république. Mai 2012...
Un très beau roman graphique.