FRED VARGAS. ADAMSBERG ET DANGLARD. HEUREUX QUI COMME ULYSSE
Le plaisir du lecteur de Vargas vient en partie du plaisir de retrouver de roman en roman, une galerie de personnages rentrés dans notre cercle de connaissances. En premier lieu, bien sûr figure le tandem Adamsberg- Danglard. Les deux personnages sont totalement complémentaires, ils peuvent représenter les deux visages d'un même individu. Car nous sommes souvent tiraillés entre nos rêves et la réalité de l'existence.
Heureux qui comme Ulysse...
Adamsberg est un nomade solitaire, un attrapeur de nuages, un marin au long court. Il mène ses enquêtes au gré des vents, de son imagination. Son intelligence est intuitive, il fonctionne sans méthode rigoureuse, au risque de surprendre une partie de ses collaborateurs. Sauf Danglard.
Vivre entre ses parents le reste de son âge.
Danglard incarne le côté nécessairement réaliste, matérialiste que la société exige de nous. Ce n'est pas toujours le plus gai de l'existence. Danglard cherche dans un petit blanc le réconfort à cette banalité de la vie. Pourtant derrière le personnage du flic discret se cache un personnage particulièrement érudit. Ce sédentaire, cet homme de la ville, comprend les errances d'Adamsberg. Il incarne la stabilité parternelle, c'est le protecteur de ses fils, de Camille, d' Adamsberg et de leur enfant. Il représente cette figure de père que ne peut assumer Adamsberg.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge!
Du Bellay. Les regrets.